Mindhunter : Dans la tête d'un profileur
18 mai 2018

Excellente série lancée par Netflix en octobre 2017, "Mindhunter" est à l'origine un essai écrit par Mark Olshaker et publié en 1997. Dans cet ouvrage, John Douglas raconte comment il a entamé un long périple à travers les États-Unis pour interroger les tueurs en série les plus connus de ces quarante dernières années, et créé la première cellule de profilage du FBI.
Grâce au cinéma, avec des œuvres telles que L'étrangleur de Boston, Le silence des agneaux, ou encore Seven, personne n’ignore aujourd'hui ce qu'est un "serial killer". Et si, à l'époque, on découvrait avec stupéfaction que des hommes, en apparence ordinaires, pouvaient en réalité être des tueurs en série, de nombreux romans, films et séries ont surfé depuis sur la thématique des "serial killers". Que ce soient des épisodes isolés, des séries entières nous plaçant dans la tête d'un tueur (Dexter), ou d'autres centrées sur les techniques de profiling (Esprit criminel), les ficelles utilisées – plus ou moins basées sur la réalité – sont toujours les mêmes et on sait quasiment tout aujourd'hui des méthodes d'enquête ou des profils de ces tueurs, du moins tels que les imaginent les scénaristes.
Pour autant, si la série de Netflix parvient à se démarquer en nous racontant comment tout cela a commencé, brisant ainsi les codes du genre ; l’essai de Olshaker, paraît lui bien dépassé. Je m’explique : Premièrement, je le rappelle, l’ouvrage date de 1997. Et si l’on peut concevoir qu’à cette époque, découvrir le parcours de John Douglas et comment il a mis au point et développé ces techniques de profiling devait être passionnant, aujourd’hui, justement après tous ces films et séries qui s’inspirent précisément de son travail, et plus encore après la série de Netflix, la lecture de cet ouvrage est nettement plus dispensable. Tout est déjà connu, tout paraît évident, facile… Certainement justement parce qu’on est beaucoup trop imprégnés.
Ensuite, l’ouvrage souffre de son absence de chronologie. On sent bien qu’il s’agit d’un interview de Olshaker, comme une discussion entre deux amis. Et comme dans toute discussion, il y a beaucoup d’allers et retours et d’ellipses. Douglas nous parle d’un événement qui l’a amené à tel point, puis de tel autre, puis revient sur le premier, etc… Cela nuit véritablement au rythme. Et si Douglas donne quelques exemples d’enquête et raconte quelques courts passages de ses rencontres avec ces tueurs, cela n’est qu’effleuré et l’on ressent un vrai manque de tension. Une tension que l’on subit justement de plein fouet dans la reconstitution des interviews filmés par Fincher. Peut-être est-ce dû au style choisi, l’essai ne rendant sans doute pas hommage au sujet, pourtant très fort.
Il demeure un ouvrage très facile à lire et où l’on peut découvrir quelques échanges intéressants, qui vaut surtout par le côté auto-biographique. Mais à ne conseiller qu’aux non-initiés pour la découverte. Les habitués de thrillers, privilégieront sans doute la série, toute aussi intéressante, plus développée et bien plus dramatique.